Focus Recherche & Enseignement : Les meilleures universités françaises et hongkongaises dans les classements internationaux. (23/12/2015)

Article publié le 23/12/2015

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Sommaire


Ce document n’a pas vocation à analyser « le pourquoi » de la place des universités françaises et hongkongaises dans les classements internationaux, mais simplement de constater les résultats qui en ressortent.

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Introduction

Reconnu comme un lieu de croisement entre les cultures orientales et occidentales, la région administrative de Hong Kong s’est imposée depuis plusieurs décennies comme un “hub” financer international et comme l’une des puissances économiques dominantes d’Asie. Le territoire qui cherche à se diversifier pour assurer son rayonnement au niveau mondial a misé sur l’émergence d’un système éducatif performant et est aujourd’hui en mesure de prouver que ses investissements portent leurs fruits. En 2013, “The South China Morning Post” a publié une étude réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a classé la ville de Hong Kong comme troisième meilleure ville du monde pour la qualité de son éducation supérieure [1]. En 2015, la ville a gagné 2 places dans le classement Quacquarelli Symonds Ranking (QS Ranking) des meilleures villes du monde pour étudier, passant de la 7ème à la 5ème place. Hong Kong est ainsi, en 2015, la ville considérée comme la plus attrayante d’Asie en dépassant notamment Tokyo qui se positionne à la 7ème position dans ce même classement [2]. Les raisons de ce dynamisme sont diverses, mais il faut noter qu’avec trois universités dans le top 50 mondial et trois supplémentaires dans le top 300 du classement QS, la ville possède une densité d’institutions d’enseignement supérieur d’excellence que seules quelques autres villes peuvent revendiquer.

En France, le constat est beaucoup plus amer lorsque l’on évoque le classement des institutions d’enseignement supérieur. Alors que le système universitaire français est considéré comme l’un des meilleurs du monde, plusieurs classements renvoient coup sur coup une image beaucoup plus modeste. Depuis plusieurs années maintenant, dans les principaux classements internationaux, notamment les prestigieux classements de Shanghai, QS Ranking et celui du « Financial Times » les universités françaises perdent des places au profit des établissements asiatiques qui eux sont incontestablement en pleine ascension [3].

I) Étudier en France

Avec près de 75 universités au premier janvier 2015, la France recense un peu plus de 2,3 millions d’étudiants et se place donc comme troisième pays européen juste dernière le Royaume Uni (2,6 millions) et l’Allemagne (2,4 millions) [4]. Les universités françaises comptent en moyenne 57 % de filles dans leurs effectifs et en terme de filières de formation, ce sont les sciences humaines et sociales qui, avec 227 600 étudiants à la rentrée 2012, attiraient le plus grand nombre d’étudiants. Vient ensuite le droit avec environ 200 000 étudiants. Parmi les filières les moins fréquentées se trouvent les sciences techniques des activités physiques et sportives [5].

Dans la courte liste des villes qui peuvent rivaliser avec Hong Kong, il y a Paris, qui, avec Londres, est l’une des capitales possédant le plus d’universités/écoles d’ingénieur classées dans le classement QS Ranking avec, respectivement, 17 et 18 établissements [6]. Au niveau national, la France possède 5 établissements dans le top 200 dont deux établissements, l’école Polytechnique et l’Ecole Normale Supérieure (ENS), dans le top 50. Si l’on regarde le classement de Shanghai de 2015, 4 établissements français sont dans le Top 100 et la France se place au 5ème au rang mondial en nombre d’établissements répertoriés, avec 22 universités dans le Top 500, derrière les Etats Unis (146), la Chine (44), l’Allemagne (39) et le Royaume Uni (37) [7].

Malgré ce grand nombre d’établissements classés, il est intéressant de noter que la France ne possède que très peu de représentants dans le haut des classements. Afin de tenter d’améliorer ces résultats, de nombreuses actions sont entreprises, comme par exemple la création de regroupement d’établissements afin d’augmenter leur visibilité. Malheureusement, les regroupements qui se sont traduits par la mise en place de 25 communautés d’universités (COMUE) n’ont, à l’heure actuelle, aucun impact constaté dans le classement 2015. « Ils modifieront le classement que le jour où ils se seront imposés dans le paysage universitaire », prédit Daniel Egret chargé de mission sur les classements internationaux pour Paris Sciences et Lettres (PSL). Il faudra donc attendre quelques années avant que l’établissement constitué n’apparaisse convaincant sur le plan international et ne remplace les universités membres dans le paysage universitaire.

Si la France est reconnue au niveau international comme l’une des destinations les plus prisées pour les études (3eme destination étudiante en nombre d’etudiants), cela provient donc d’autres facteurs qu’il est intéressant de relever. En 2014, une étude menée auprès de 7 000 étudiants étrangers : « The Study Portals International Student Satisfaction Awards 2014 », a permis de déterminer que l’expérience pour les étudiants étrangers ayant séjourné en France est largement positive. En effet, avec une moyenne de 8,3 sur 10, les personnes sollicitées disent avoir apprécié la culture locale, la proximité des autres pays d’Europe mais surtout le prix des études, peu élevé comparé à certain autres pays d’Europe [8]. Notons qu’en France c’est l’état qui couvre l’essentiel du coût de formation [9]. Depuis les années 1980, les dépenses allouées à l’enseignement supérieur ont considérablement augmenté. En 30 ans, elles ont été multipliées par 2,5 (en prix constants, soit corrigés de l’inflation) avec une augmentation moyenne annuelle de 2,8 %. En 2013, la collectivité nationale française a ainsi dépensé 28,7 milliards d’euros (1,5 %) dans ce secteur, soit une augmentation de 1,2 % par rapport à 2012. Un étudiant coûtait, en 2012, 11 540 euros, soit 40 % de plus qu’en 1980. Une somme variant, selon les filières, de 10 850 euros pour un étudiant dans une université publique à 14 850 euros pour un élève de classe préparatoire aux grandes écoles [10].

Cependant, lorsque l’on demande aux étudiants d’évoquer les critères éducatifs stricto sensus, cela ternit un peu la donne car les professeurs sont jugés comme trop conservateurs dans leur style d’enseignement et pas assez ouverts aux discussions avec les étudiants.

Il est indéniable que la France doit donc travailler sur certains points dont la communication et la relation professeur-étudiant. Une étude récente, réalisée auprès des étudiants américains revenant d’études en France a conclu que les professeurs étaient moins accessibles pour les étudiants en France qu’aux États-Unis : « Les profs de Sciences-Po n’ont pas, dans leur planning, d’heures fixes dédiées à la rencontre avec les étudiants [11].

Heureusement les résultats du 2ème Observatoire sur l’état de la France réalisé par le cabinet de conseil en fusion et acquisitions Eight Advisory, publié le 12 octobre 2015, donnent aussi des raisons d’espérer. Ce document analyse la position de la France à partir de l’étude de 28 classements internationaux (Banque mondiale, Financial Times, FMI, Forbes, Heritage Foundation, Insead, OCDE, ONU, Thomson Reuters, World Economic Forum et Yale) portant sur la compétitivité, la qualité de vie, le taux de chômage, l’innovation ou encore l’éducation [1-5]. Alors que le classement Pisa la situe dans la moyenne de l’OCDE en termes d’éducation, la France se distingue par sa capacité à former les élites des plus grandes entreprises, laboratoires de recherche et grandes institutions internationales. Elle pointe ainsi à la 2ème place au classement des écoles de commerce européennes du Financial Times [12].

Une autre preuve de la qualité du système éducatif français est la récente équivalence mise en place entre les diplômes français et américains. Évalué jusque-là comme un « Bachelor » américain, le diplôme français d’ingénieur est reconnu comme l’équivalent d’un « Master of Science » depuis juillet 2013. Cette reconnaissance de l’AACRAO (American Association of Collegiate Registrars and Admissions Officers) du diplôme d’ingénieur prouve que la France possède encore un système éducatif lui permettant de former des étudiants d’un niveau mondial [13].

II) Etudier à Hong Kong

Parmi les 7 240 000 habitants de Hong Kong en 2014, environ 2 % étaient étudiants à plein temps soit un peu plus de 140 000 personnes (contre 3,4 % de la population en France). Pour l’année scolaire 2015-2016, le total des dépenses du gouvernement dans l’éducation s’élève à 79,3 milliards de dollars hongkongais (soit 9,3 milliards d’euros et 3,4 % du PIB) [14]. Pour cette même année, les étudiants étaient répartis dans les 8 universités publiques locales selon le graphe ci-dessous (Figure 1) :

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Figure 1 : Répartition des étudiants dans les universités hongkongaises. Données tirées de l’ensemble des sites des universités. Crédits MONIER Justin


Hong Kong est sans conteste la ville la plus dynamique d’Asie en terme d’enseignement supérieur. Avec l’Université de Hong Kong (HKU), l’Université de Science et Technologie de Hong Kong (HKUST) et l’Université Chinoise de Hong Kong (CUHK), le territoire possède la plus grande densité au monde d’établissements classés dans le Top 50 mondial du QS World University Rankings® 2014/15. Quatre autres universités locales sont aussi présentes dans les 200 premières places de ce même classement.

En 2013, « The Economist Intelligence Unit » a publié son classement « Sea Turtle Index » dans lequel il a placé Hong Kong comme la troisième ville au monde en terme de performances en « global education », ce qui regroupe la qualité de l’enseignement à proprement parler, mais aussi le retour sur investissement des études, le coût de l’enseignement, l’accessibilité au visa du pays, le taux d’employabilité après les études et l’expérience sociale et culturelle qu’offre la ville [15]. Parmi les 80 villes étudiées, Hong Kong se positionne juste derrière Montréal et Londres et loin devant Singapour et Séoul , qui sont respectivement 12ème et 17ème. Paris se place 29ème dans ce même classement [16].

Le QS ranking a lui publié en 2013 et 2015 deux classements qui mettent eux aussi en avant la place de Hong Kong dans l’élite mondiale de l’éducation. En passant de la 5ème place en 2013 à la 7ème place en 2015, le territoire prouve, encore une fois, son potentiel de progression. Notons que Paris a été classée deux fois de suite en première place (2013 et 2015). La méthodologie de ce classement prend en compte de nombreux facteurs, dont la place des universités dans le classement QS World University Ranking effectué par cette même agence, le taux de mixité des étudiants (nombre, ratio d’étudiants étrangers, l’acceptation par la population locale…), la qualité de vie (sécurité, pollution, corruption…), la popularité des universités hongkongaises auprès des employeurs étrangers et locaux et le prix de la vie (frais d’inscription, frais de logement, alimentation…).

La ville possède une forte communauté d’étudiants étrangers (environ 28 %) attirés par une très bonne qualité de vie générale et une sécurité parmi les meilleures du monde. En 2014, The Economist a placé Hong Kong parmi les villes les plus agréables à vivre (31ème sur 140) et les plus sûres (6ème sur 372) [17]. L’anglais, qui est la langue académique officielle favorise cet afflux d’étudiants étrangers et impacte positivement le bon résultat des universités dans les classements internationaux.

En termes d’accessibilité financière, l’image est un peu plus complexe. Le loyer est exorbitant, mais les dépenses générales de vie tels que les repas et le transport restent faibles. En mars 2015, EuroCost International a publié une enquête dans laquelle il indique que Hong Kong est la deuxième ville la plus chère au monde en terme de loyers pour les expatriés [18] (notons que Paris est passé de la 14ème position en 2014 à la 22ème place en 2015, cette chute est due à la dévaluation de la monnaie de référence qu’est l’euro). Les frais de scolarité pour les étudiants internationaux se situent dans la moyenne basse des frais moyens de scolarité à travers le monde (environ 8 000 euros par an) ; ce qui est plus moins cher que d’étudier aux États-Unis, par exemple, mais bien supérieur aux pays d’Europe occidentale comme la France ou l’Allemagne.

D’après une étude indépendante réalisée par Ipsos MORI en septembre 2014 pour le compte de HSBC, la somme dépensée en moyenne pour un an d’étude à Hong Kong est de 32 140 dollars US, quand elle est moitié moins en France (16 777 dollars US), plaçant, de ce fait, l’hexagone à la 7ème place des pays les plus chers, loin dernière l’Australie (1er), Singapour (2ème) et Hong Kong (5ème) [19].

En conclusion, l’ensemble des études mettent en évidence que Hong Kong est un lieu idéal pour les études, tant pour la découverte d’une nouvelle culture que par l’excellente place des universités locales dans les classements internationaux. Un étudiant ayant fait ses études dans un environnement culturel chinois est enfin généralement bien vu lorsqu’il rentre en Europe ou en Chine, précise Davis Line, éditeur en chef pour l’Asie à « The Economist Intelligence Unit ».

III) Présentation des classements universitaires internationaux :

a) Le classement mondial de Shanghai (ARWU)

Le classement académique des universités mondiales (ARWU) [21] est publié par l’Université de Jiao Tong de Shanghai en Chine annuellement, tous les 15 août, depuis 2003. Ce classement plutôt orienté « recherche » compare les universités selon six critères principaux pondérés :

1) Le nombre d’anciens étudiants qui ont obtenu un prix Nobel et/ou une médaille Field (10 %) ;
2) Le nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline (20 %) ;
3) Le nombre des professeurs exerçant dans l’établissement, qui ont obtenu un prix Nobel ou une médaille Fields (10 %) ;
4) Le nombre de publications dans les revues scientifiques Nature et Science (20 %) ;
5) Le nombre de publications répertoriées dans le Science Citation Index-Expanded (SCIE) et le Social Science Citation Index (SSCI) (20 %) ;
6) Le chiffre moyen des 5 indicateurs précédent (10 %).

b) Le classement QS Ranking

Le classement mondial des universités QS (QS World University Rankings)[22] est publié chaque année par Quacquarelli Symonds (QS), une société britannique qui revendique le plus grand réseau mondial d’informations et de conseils sur l’enseignement supérieur. Depuis sa création en 1994, le QS World University Rankings n’a cessé de prendre en compte de plus en plus compte plus de 800 universités. Les 400 premières universités sont notées de façon individuelle alors que dans la deuxième partie de classement les établissements sont regroupés en tranches de 10 (exemple de 401 à 410). D’autres classements, plus spécifiques sont aussi effectués, comme le classement par région, par type de faculté ou par âge (le classement des universités âgées de moins de 50 ans).

c) Le classement mondial Times Higher Education

Le magazine londonien Times Higher Education [23] publie chaque année, depuis 2004, un classement mondial des universités. Pour cela, 13 indicateurs pondérés sont regroupés en cinq catégories : le cadre de travail (30 %), le nombre et la portée des recherches (30 %), l’influence de ces recherches (30 %), le nombre de professeurs, étudiants et chercheurs internationaux (7,5%) et les connexions avec les entreprises (2,5 %).

Ce classement se base lui aussi sur six critères pondérés de la façon suivante :

1) La réputation académique (40 %), calculée sur la base des 76 800 réponses obtenues pour 2015/2016 ;
2) La réputation auprès des recruteurs (10 %), calculée sur la base de 44 200 réponses obtenues pour l’édition 2015/2016 ;
3) Le ratio enseignants/étudiants (20 %) ;
4) Le nombre de citations par enseignant-chercheur (20 %) ;
5) Le ratio d’enseignants internationaux (5 %) ;
6) Le ratio d’étudiants internationaux (5 %).

d) Le classement du Center for World University Rankings (CWUR)

Ce classement est publié, depuis 2012, par la King Abdulaziz University de Jeddah, en Arabie Saoudite. Il rassemble les 1 000 meilleures universités du monde selon huit critères tels que le nombre de distinctions remportées par des anciens étudiants (prix Nobels et médailles Fields), le nombre d’anciens étudiants ayant des postes de directeur ou l’importance des publications [24].

Le CWUR utilise 8 paramètres majeurs pour les classements des 1000 meilleures universités au monde :

1) La qualité de l’enseignement (25 %). Elle est mesurée par le nombre d’anciens élèves qui ont gagné des récompenses internationales, des prix Nobel ou des médailles Fields ;
2) La position des anciens élèves dans les entreprises (25 %), et notamment la proportion d’anciens élèves devenus PDG d’une entreprise ;
3) La qualité des facultés : Le nombre de prix, récompenses, prix Nobel et médailles Fields remportés par les chercheurs de l’université (25 %) ;
4) Le nombre de publications citées relatives à un domaine de recherche (5 %) ;
5) Le nombre de publications publiées dans les journaux ou revues scientifiques (5 %) ;
6) Le nombre de publications publiées dans les revues scientifiques de renom (5%) ;
7) Le nombre de brevets déposés ;
8) Le h-index qui est un indice essayant de quantifier la productivité scientifique et l’impact d’un scientifique en fonction du niveau de citation de ses publications (5 %).

IV) Analyse de ces classements

L’ensemble de ces classements universitaires est à considérer avec une grande prudence, les différences entre les multiples classements montrent qu’en fonction des critères requis, les résultats différent plus ou moins. Toutefois, ils fournissent des indications intéressantes et peuvent être utilisés comme d’excellents outils de relations publiques, notamment pour attirer des étudiants ou des professeurs qui contribueront par la suite à la recherche et ainsi à la richesse et la renommée de leur pays.

a) La domination des universités anglophones

Les universités anglophones dominent encore et toujours ces classements. C’est le constat que l’on peut faire notamment au regard de l’édition 2015/2016 du QS World University Rankings. Sur la première marche du podium, comme l’an passé, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), suivi d’une autre université américaine, Harvard, puis de sa compatriote Stanford, ex-æquo avec la britannique Cambridge. Dans ce même classement par matière, les établissements états-uniens arrivent en tête dans 27 des 36 matières classées. La domination américaine semble écrasante donc sur l’ensemble des domaines d’études. Trois universités américaines occupent les trois premières places en finance, mais également en communication et média, en économie, en chimie, en électronique, en science des matériaux, en philosophie... Ils sont suivis par les anglais (7 fois premiers). Seules deux écoles non anglo-saxonnes et américaines parviennent en tête d’une spécialité : l’Institut Karolinska, en Suède, numéro un mondial en odontologie (médecine dentaire), et l’Ecole polytechnique de Zurich, en Suisse, dans le domaine des Sciences de la Terre [25].

Le classement Time Higher Education fait aussi la part belle aux établissements du Royaume Uni et des USA : 26 universités américaines font partie du top 50 et 43 du top 100. Le Royaume Uni compte 12 établissements classés, contre 9 en 2013. Et c’est l’université d’Harvard qui est, cette année encore, placée en tête, comme depuis la création de ce classement en 2003. Toutefois, la domination anglo-saxonne et Américaine n’est pas une hégémonie. Les Pays Bas comptent 12 universités dans le top 200 du Times, devant l’Allemagne avec 11 universités et loin devant la France qui en compte 5. L’excellence néerlandaise dans les classements est notamment à rechercher dans la langue d’enseignement et la gouvernance [26].

Enfin dans le classement de Shanghai, les universités américaines n’ont pas plus de rivales. Selon le dernier classement, sur les 20 premières universités du monde, 17 sont américaines. Au niveau mondial, les universités américaines conservent la tête du classement avec le trio Harvard-Stanford-MIT. Dans le Top 200, les Etats-Unis gagnent un établissement (78 au lieu de 77) par rapport à l’an dernier. Le très bon classement des universités américaines peut s’expliquer par de nombreux facteurs dont celui de l’investissement. Par exemple, le budget annuel de l’université de Harvard était globalement de 30 milliards d’euros en 2014 pour un peu moins de 30 000 étudiants quand, à titre d’exemple, celui de l’université d’Orsay Paris-Sud XI n’est que de 450 millions d’euros (67 fois moins) pour un peu plus de 35 000 étudiants [27]. Autrement dit, Harvard seule dépense autant d’argent que l’ensemble des universités françaises pour leur année 2014 [27] !

b) Position de la France et Hong Kong

QS World University Ranking

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Classement des meilleures universités françaises et hongkongaises dans TOP 200 QS ranking. Crédits MONIER Justin


Du côté des universités françaises, un cinquième établissement rejoint cette année les quatre autres qui figuraient dans le top 200 du classement « QS World University Ranking 2014 ». L’École Normale Supérieure (ENS) de Paris est, comme en 2014, l’école française la mieux placée, au 23ème rang (alors qu’elle était 24ème l’an dernier). Suit l’École Polytechnique, qui se classe 40ème, perdant 5 places par rapport à l’an dernier, loin devant l’université Pierre et Marie Curie (137ème en 2015 et 115ème en 2014) et l’École Normale Supérieure de Lyon (188ème en 2015 et 179ème en 2014). Cette année, une nouvelle université française fait donc sonentrée dans le top 200 : l’École Centrale Paris, classée à la 156ème place mais qui n’apparaît pas dans le graphique ci-dessus.

Du côté de Hong Kong, HKUST est passée en tête du territoire pour la première fois dans le classement QS World University Ranking 2015 réalisant un bond de la 40ème place en 2014 à la 28ème place mondiale en 2015 (soit 5 places derrière l’ENS Paris). L’université est donc en compétition au niveau de la région Asie- Pacifique avec la « National University of Singapore (NUS) » 12ème, la « Nanyang Technological University of Singapore (NTU) » 13ème, et « The Australian National University » 19ème. Pour la première fois depuis 5 ans, une université chinoise a devancé ses homologues hongkongaises dans ce classement QS. En effet, l’université de Tsinghau arrive 25ème soit 3 places devant HKUST. Parmi les autres établissement de Hong Kong, HKU connue pour être l’université historique du territoire est en très légère perte de vitesse puisque après avoir été classée 22ème en 2012 celle-ci prend aujourd’hui la 30ème place, en perdant deux places par rapport à l’année précédente. CUHK perd elle aussi 5 places en 2015 en passant de la 46ème à la 51ème place et sort donc du Top50 des établissements mondiaux. La City University of Hong Kong (City U) et la Polytechnic University of Hong Kong (Poly U) réalisent toutes deux un très bonne performance en passant respectivement de la 106ème à la 57ème place et de la 162ème à la 116ème place.

Le directeur de recherche au QS ranking, Mr Ben Sowter précise que les changements important constatés entre l’année 2014 et 2015 sont dues à des bouleversements dans la manière de prendre en compte les citations, notamment en séparant à partir de l’édition 2015 les sciences du vivant et la médecine. La qualité de l’enseignement en ingénierie, technologie et sciences sociales est aussi mieux reconnue. Ces nouveaux critères permettent de réajuster le classement pour le rendre plus juste pour les universités produisant moins de publications notamment dans l’art et les sciences humaines et sociales [29].

Justement de nouveaux classements par matières et facultés ont été établis par le QS Ranking ces dernières années et permettent de comparer d’une autre façon les établissements entre eux. HKU, par exemple, est classée à l’échelle internationale pour 33 matières, se plaçant dans le top50 mondial pour 26 de ses 33 disciplines académiques. Elle est au deuxième rang mondial pour la dentisterie, 9ème pour l’apprentissage des langues. HKUST se place, quant à elle, dans les 50 meilleures écoles du monde avec sa Business School (18ème) (parmi les écoles francaises, l’INSEAD 3ème et HEC 13ème) pour l’économie (30ème), pour l’ingénierie mécanique (14ème), pour la Chimie 25ème … [30]

Science Po Paris est aussi une référence mondiale en matière d’enseignement des sciences politiques. Dans sa spécialité, la parisienne dame le pion à certaines universités américaines et se situe à la 5ème place, très proche de Harvard (1er), Princeton (2ème) ou Oxford (3ème). L’enseignement français se distingue encore en philosophie. Si les 20 premières places de ce classement sont exclusivement accordées à des universités de langue anglaise, l’université Paris I Panthéon-Sorbonne est 21ème, mais 1ère hors de l’univers anglophone. Deux autres établissements français sont classés parmi les 50 meilleurs établissements : l’ENS (22ème) et l’Université Paris-Sorbonne. En mathématiques également, deux établissements français sont classés:l’École Polytechnique (17ème) juste devant l’Université de Hong Kong (20ème) et l’ENS Cachan (44ème) juste dernière CityU (29ème) et HKUST (33ème). L’Institut AgroParisTech pointe à la 13ème place dans le domaine de l’agriculture et des forêts. L’École nationale supérieure de création industrielle (Ensci) est classée 32ème en art et design, l’université Pierre et Marie Curie 41ème en statistiques et recherche opérationnelle.

Comme d’autres classements internationaux scrutés par les professionnels, cette sorte de top 50 se base sur la réputation de chaque établissement et sur les citations dont ces travaux universitaires font l’objet, ce qui donne la part belle aux établissements anglo-saxons. Mais si l’on se focalise sur les 36 disciplines les plus prisées des étudiants cela permet ainsi aux établissements français d’être un peu mieux classés que dans le palmarès global du QS : aucune « médaille d’or », mais une honorable 3ème place pour l’Insead parmi les écoles de commerces [31].

Classements QS Ranking Asie

Publié annuellement depuis 2009, le QS Ranking Asie se base sur une méthodologie similaire à celle utilisée pour le QS World University Ranking mais modifie la pondération apportée à chaque facteur et rajoute deux nouveaux indicateurs que sont : LA proportion d’étudiants internationaux en programme d’échange dans l’université concernée (2,5 %) et la proportion d’étudiants locaux en échange dans les universités étrangères (2,5 %) [32].

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Classement des universités hongkongaises dans le classement QS Ranking Asia.


Times higher education

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Classement des meilleures universités françaises et hongkongaises dans le classement du Times Higher Education. Crédits MONIER Justin


L’édition 2015-2016 du palmarès mondial des universités Times Higher Education, publiée jeudi 1er octobre 2015, confirme la tendance des années précédentes : toujours en tête, les universités américaines perdent cependant du terrain, tandis que les européennes et asiatiques gagnent des places.
Selon ce classement, les Etats Unis comptent 63 universités dans les 200 premières mondiales, soit onze de moins que l’an dernier. Le Royaume Uni place de son côté 34 établissements dans ce top 200 (+5), l’Allemagne en obtient 20 (+8) et les Pays-Bas 12 (+1). Et pour la première fois en dix ans, un établissement non anglo-saxon figure parmi les dix premiers : l’école polytechnique de Zurich (ETHZ) en Suisse.
En revanche, la France est encore moins bien lotie qu’en 2014-2015, perdant une de ses deux écoles du top 100, et trois dans le top 200, où demeurent seulement cinq établissements. Si l’ENS Paris, se hisse au 52ème rang (contre 78ème l’an dernier), l’école Polytechnique, qui s’était classée à la 61ème place l’an dernier redescend au 101ème rang. Seules 27 universités et grandes écoles tricolores figurent dans le palmarès Time Higher Education, qui compte cette année un nombre record de 800 établissements [35]. Le classement 2015-2016 pour l’ensemble des universités hongkongaises est quasiment similaire à celui de l’année passée même si l’on constate un très léger recul. HKU passe de la 43ème à la 44ème place mondiale, HKUST de la 51ème à la 59ème place, CUHK de la 129ème à la 138ème place, PolyU de la 212ème place à la 227ème et le plus grand recul est pour la CityU qui perd 33 places pour passer de la 192ème place à la 225ème place.

The Times Higher Education classe de façon similaire au QS ranking les universités et école par matière. A titre d’exemple, en ce qui concerne « Ingénierie et technologie », HKUST se classe 16ème au rang mondial alors que les autres universités hongkongaises sont un petit peu plus en retrait : HKU 34ème, CUHK 65ème et PolyU 70ème. Les deux meilleurs établissements français appartenant à ce TOP 100 sont l’École Polytechnique 37ème et l’ENS Lyon 93ème.

Classement Times higher Education des université de moins de 50 ans

Tout comme le classement QS, « The Time Higher Education » a aussi établi des classements plus spécifiques qui peuvent se révéler intéressants, notamment celui portant sur les jeunes universités. Ce classement établit un bilan mondial des 50 meilleures universités âgées de moins de 50 ans. Alors qu’il est communément admis qu’il faut des siècles pour qu’une université atteigne une réputation mondiale d’excellence, comment se fait-il que tant d’universités américaines aient atteint un niveau international en à peine quelques décennies ? C’est le cas des universités de Stanford, Berkeley, Carnegie Mellon, Chicago, Johns Hopkins, du Michigan, par exemple. En 1991, Prof. Henry Rosovsky (professeur émérite et doyen de l’université de Harvard) a résumé les raisons qui expliqueraient ces succès : la richesse des États-Unis, leur démographie, leur tradition « philanthropique », leur politique d’immigration qui, tout de suite avant et après la Seconde Guerre mondiale, a accueilli et choyé un grand nombre d’étrangers éminents, y compris des Européens qui fuyaient leur pays d’origine. Il mentionne aussi la politique de recrutement des étudiants et des professeurs - férocement concurrentielle - et la structure juridique qui rend les présidents et doyens d’université responsables devant un conseil d’administration. Il faut aussi souligner le rôle décisif joué par le réseau des anciens élèves. En d’autres termes, 19 sur 20 des meilleures universités américaines sont entièrement entre les mains de leurs anciens élèves ! [36]. Dans ce classement des jeunes universités, la région Asie-Pacifique a maintenant pris les devants.

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Classement du Times Higher Education des meilleures universités mondiales de moins de 50 ans. Crédits MONIER Justin.


Il est en effet intéressant de constater que sur les 4 universités de moins de 50 ans à Hong Kong toutes sont placées dans le TOP 25 mondial. HKUST est même classée 4ème des meilleures jeunes universités au monde depuis 3 années consécutives. Les deux universités françaises de moins de 50 ans étudiées dans ce document se placent elles aussi honorablement : 10ème pour Paris-Sud et 11ème pour Pierre et Marie Curie. Les 2 universités françaises semblent donc aussi performantes que celles de Hong Kong même s’il est vrai que la densité d’établissements placés dans le TOP 25 est très largement en la faveur de Hong Kong. Ce classement conforte donc la politique actuellement menée par le gouvernement de Hong Kong pour transformer le territoire en terrain d’excellence pour l’enseignement supérieur. Une marge de progression des universités hongkongaises est encore existante du fait de leur « jeune âge » et donc du nombre d’années important qui leur reste à figurer dans ce claquement. Par exemple, HKUST qui est au pied du podium mondial n’a que 24 ans d’existence, PolyU que 21 ans, CityU que 31 ans alors que les deux universités françaises étudiées ici ont été fondées le 1er janvier 1971, soit 44 ans en 2015 [37].

Classement Shanghai

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Classement Shanghai des meilleurs universités mondiales. Crédits MONIER Justin.


Malgré ses 5 établissements présents dans le TOP 100, la France n’arrive pas à placer d’université avant la 36ème place avec l’université Pierre et Marie Curie (Paris VI). Suivent ensuite l’université d’Orsay Paris-Sud (Pairs XI) à la 41ème place et l’ENS Cachan à la 72ème place. Dans ce classement qui évalue plutôt la performance des établissements en matière de recherche, la France paraît bien mieux placée que Hong Kong. En effet, les deux meilleures universités hongkongaises que sont CUHK et HKU n’apparaissent qu’autour de la 180ème place. HKUST qui est le 28ème meilleur établissement du monde selon le QS Ranking et le 59ème selon le Time Higher Education est ici relégué à la 270ème place, tout comme CityU et PolyU qui oscillent autour de la 300ème place. L’école Polytechnique française apparaît autour de la 325ème place dans ce classement Shanghai 2015. Cependant, il est important de noter que ce « mauvais » classement de l’école française la plus réputée est dû à l’isolement qu’elle possède vis-à-vis des grandes universités et donc par conséquent aux faibles infrastructures de recherche qu’elle abrite. Le rattachement au campus de Saclay prochainement devrait permettre à Polytechnique de bondir dans le classement ces prochaines années.

Avec 22 universités classées dans le Top 500 (+1 par rapport à 2014) sur les 17 000 universités répertoriées dans le monde, la France conserve sa 5ème place mondiale [38]. Même s’il s’en défend en déclarant que "l’indicateur de Shanghai ne peut constituer la boussole unique de la modernisation de notre système d’enseignement supérieur et de recherche", le gouvernement français se trouve tenu de défendre ses établissements sur la scène mondiale. C’est dans ce but que depuis peu en France, de grands établissements sont créés par agglomération d’universités, d’écoles d’ingénieur et de laboratoires de recherche.

En conclusion, pour le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, le classement de Shanghai a donc encore de belles années devant lui. D’autant qu’il est établi par un pays, la Chine, qui l’a conçu pour savoir où envoyer ses meilleurs étudiants. En effet, le pays du soleil levant ne possède encore autant établissement dans le TOP 100 du classement. L’université de Pékin, première du pays, pointe aux alentours de la 125ème place.

Malgré une bonne performance générale des établissements français dans le classement Shanghai, il faut noter que le classement de la France est tiré vers le bas notamment par la structure même du fonctionnement la recherche française. En effet, un prix Nobel obtenu par un professeur d’université français peut “valoir deux fois moins” qu’un prix Nobel obtenu par un professeur d’université américain ou britannique. Cela s’explique par le fait que la recherche française s’effectue en général dans des unités mixtes de recherche qui associent des universités et des établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) comme le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) par exemple. Le classement Shanghai attribue donc 50 % du bénéfice à l’université et 50 % à l’organisme du CNRS. Ce critère du nombre de prix Nobel et médailles Fields est relativement important puisque qu’il compte pour près de 25 % dans le classement Shanghai et pour près de 25 % de la note finale du classement effectué par le Time Higher Education et celui du World University Ranking.

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Répartition des médailles Field et prix Nobel par pays. Crédits MONIER Justin.


Cependant, si l’on regarde le total des prix Nobel et médailles Fields par rapport à la population (nombre de récompenses obtenues rapporté à 10 millions d’habitants), il est aisé de constater que la France est plutôt bien placée. En termes de prix Nobel, les pays du nord de l’Europe et la Suisse dominent très largement le classement ; par contraste, il est très intéressant de noter que très peu de médailles Fields leur ont été attribuées à l’exception de la Norvège. Les Etats-Unis ne se placent que 9ème en termes de nombre de prix Nobel, le pays ayant obtenu près de 40 % des médailles Fields décernées, soit 14 au total. La France, avec 13 médailles Fields (près de 35 %) et 61 prix Nobel, est le pays qui se rapproche le plus des Etats-Unis en termes de raport prix Nobel / population et domine même largement ce dernier en terme de . Cette analyse importante permet de dire que si la France est si loin dernière les Etats Unis dans l’ensemble des classements étudiés ci-dessus, cela n’est peut être pas dû à la performance même de sa recherche ou à son niveau d’éducation, mais plus à d’autres facteurs comme le nombre d’étudiants internationaux, le ratio professeurs/étudiants ou la faible utilisation de l’anglais dans l’enseignement.

V) Synthèse :

D’après l’analyse des classements effectués ci-dessus les points essentiels qui en ressortent sont :

- Les établissements américains, anglais et hollandais dominent très largement l’ensemble des classements internationaux, même si de plus en plus d’établissements européens et de la région Asie-pacifique se positionnent dans le haut de ces classements.

- L’utilisation de l’anglais comme langue d’enseignement semble être un critère primordial de réussite dans les classements internationaux.

- Un fort pourcentage d’étudiants internationaux dans un établissement semble avoir un impact important et positif sur son classement.

- La France est l’un des pays d’Europe qui investit le moins dans l’éducation supérieur en terme de pourcentage de PIB (1,5 %). Elle devance cependant des pays européens comme le Royaume Uni (1,4 %) ou l’Espagne (1,3 %), mais est distancée par les Pays Bas (1,7 %), la Finlande (1,9 %), le Danemark (1,9 %) et la Suède (1,8 %) ainsi que les Etats-Unis (2,8 %) et Hong Kong (3,4 %) [39].

- Le regroupement des établissements au sein de COMUE ne devrait pas avoir un impact significatif à court terme mais, espérons le, à moyen et long terme.

- On note un même profil dans les classements internationaux généraux pour les meilleurs établissements de France et Hong Kong, avec un léger avantage pour les établissements hongkongais dans les classements QS Ranking et Time Higher Education.

- Les établissements français sont bien mieux classés que ceux de Hong Kong dans le classement de Shanghai (orienté recherche), malgré de nombreux critères en sa défaveur.

- Hong Kong est le territoire géographique au monde possédant la plus grande densité d’établissements supérieurs d’excellence (dans le TOP 50 des différents classements).

- La performance de la recherche estimée en terme de médaille Fields et prix Nobel est similaire entre la France et les Etats Unis. La Chine continentale et Hong Kong apparaissent très loin dans ce même classement.

- Hong Kong possède 4 établissements dans les meilleures universités d’Asie et domine donc largement ce classement.

- Les universités hongkongaises sont en très grande majorité jeunes et en forte progression dans l’ensemble des classements internationaux.

- Selon plusieurs classements « QS Ranking, Sea Turtle Index ... » les villes de Paris et Hong Kong semblent toutes les deux se placer parmi les 5 meilleures villes du monde pour étudier.

- La région Asie-Pacifique est indéniablement en train de prendre une place de plus en plus importante dans les meilleurs établissements du monde.

- Le podium qui se dégage pour les classement généraux des universités hongkongaises est donc le suivant : HKU > HKUST > CityU > CUHK > PolyU. Cependant, cet ordre est à modérer en fonction des matières enseignées.

Conclusion :

Une première conclusion, que l’on peut tirer, est que dans l’ensemble ces classements ne sont pas très bien reçus en France, où les universités sont prises en tenaille entre les grandes écoles, qui leurs enlèvent les meilleurs étudiants et les organismes comme le CNRS, où se fait l’essentiel de la recherche publique. Pour l’instant, la France progresse à petits pas, au gré de l’obtention de quelques prix Nobel mais surtout de médailles Fields. Le grand mouvement de regroupement des établissements engagés (entre grandes écoles et universités) et la constitution des COMUE doit permettre dans l’avenir à davantage d’établissements français de rivaliser par la taille avec les grandes universités mondiales. C’est par exemple le cas aujourd’hui avec la constitution du pôle technologique Paris-Saclay dans le sud de la région Parisienne, qui devrait regrouper à terme deux universités, onze grandes écoles, six organismes de recherche et de nombreuses entreprises, dont un centre de recherche d’EDF par exemple [40].

Hong Kong, contrairement à la France, a su rapidement placer ses établissements d’enseignements supérieurs dans le haut des classements internationaux. Alors qu’il est généralement admis qu’il faut plusieurs décennies voir des siècles pour qu’un établissement gagne une réputation internationale, l’apparition rapide des jeunes universités hongkongaises sur la scène internationale semble trancher avec cette théorie.

Au-delà des classements en eux même, il faut comprendre que le classement des établissements d’un pays traduit aussi la dynamique générale de la zone géographique à laquelle il appartient. Malgré un léger ralentissement de la croissance de la Chine dernièrement, la pays a connu une croissance moyenne de son PIB aux alentours de 10 % sur ces deux dernières décennies (quand elle n’a été que de 2 % en France). Cela a bien évidement un impact sur les classements universitaires à travers plusieurs indicateurs comme l’investissement ou le taux d’emploi à la sortie de l’université. Il est aussi à noter qu’à Hong Kong, la part des étudiants internationaux dans les universités est très haute, ce taux est pourtant bien supérieur à la réalité puisqu’il prend en compte les étudiants chinois de Chine continentale, dits étudiants “non locaux”. A titre d’exemple, la part des étudiants étrangers dans l’université de HKUST est de 35 % (3,826 sur 11 200 dont 64,2 % d’étudiants de Chine continentale [41]) quand elle n’est que de 11 % en moyenne nationale en France (environ 250 0000 étudiants en 2014). La comparaison avec la France n’est pas anecdotique puisque la France est un des pays les plus attractifs pour les étudiants étrangers derrière les Etats Unis et l’Angleterre et juste devant l’Australie. L’Unesco assure par ailleurs que les jeunes asiatiques sont désormais ceux qui voyagent le plus pour aller étudier. En l’occurrence, les étudiants chinois sont avec les étudiants marocains les deux communautés les plus importantes à venir faire leur études supérieures en France ( 30 000 étudiants par an chacun) [42].

En définitif et malgré les critiques auxquelles il doit faire fasse, le système d’éducation supérieur français ne semble pas être dans un besoin urgent de se réformer. Par contre, certains points doivent indéniablement être travaillés et améliorés afin que la performance du système français puisse être reconnue à sa juste valeur dans les divers classements internationaux. En effet, pour les universités et les grandes écoles elles-mêmes, gagner en visibilité internationale est aussi nécessaire pour attirer les meilleurs étudiants étrangers et les chercheurs de haut niveau qui, eux, scrutent les classements mondiaux. Cela peut paraître très réducteur, mais il n’y a probablement pas grand intérêt à avoir un système d’enseignement supérieur performant si celui si n’est pas reconnu ni internationalement ni par le secteur privé. Ce n’est pas encore le cas pour la France qui a bien compris que la recherche et l’innovation technologique est un facteur clé de compétitivité et de l’enseignement. La France possède en effet des compétences et des talents reconnus dans le monde entier, en atteste les énormes investissements annoncés début novembre par Microsoft dans l’écosystème numérique français : parmi ces 83 millions d’euros investis, 70 seront dédiés aux start-up locales [43]. Récemment, une enquête réalisée par le cabinet Thomson Reuters a conclu que la France est le troisième pays du monde le plus innovant, notamment grâce à la force de frappe de ses centres de recherche publics. Le CNRS se place par exemple au premier rang mondial (devant Harvard) au classement Scimago recensant les publications d’organismes déposant des brevets [44].

Avec la concurrence qu’ils ont fait naître, les classements internationaux ont poussé les universités du monde entier à améliorer leurs performances ou du moins leur présentation au monde extérieur [45]. Tout le monde est unanime là-dessus, le succès d’une université est mesuré par plusieurs facteurs dont les classements ne sont que l’un d‘entre eux. Cependant c’est un paramètre important que la France a, jusqu’à présent, probablement trop négligé. Dans un monde qui se mondialise, si la France veut conserver sa place dans les nations les plus puissantes, elle se doit de conserver, si ce n’est améliorer, la performance et l’image de son système éducatif. La mondialisation est inévitable et s’impose à la fois aux économies et aux politiques, c’est en effet un processus irréversible trop bien ancré dans nos habitudes [46]. La France, comme tous les autres pays va donc devoir s’y adapter et faire face aux questions de plus en plus complexes que cela engendre. Le dilemne qui illustre probablement le mieux les futures problématiques à résoudre pour l’enseignement supérieur français concernant la langue d’enseignement. Bien que le français soit une langue de plus en plus utilisée et dont l’influence va continuer de s’accroître au cours du XXème siècle [47], cela n’est pas forcément bénéfique à l’heure actuelle pour les places des classement internationaux puisque, comme indiqué plus haut, l’ensemble des établissements bien classés enseignent en totalité en anglais. Les établissements français vont donc devoir faire un choix entre continuer à enseigner en français et faire valoir la culture locale ou enseigner en anglais pour augmenter leurs places dans le classement internationaux. Un bon équilibrage entre les deux permettrait d’utiliser le français comme langue d’attraction et l’anglais comme atout de rayonnement.

Bibliographie

[1]http://www.oecd.org/newsroom/asian-countries-top-oecd-s-latest-pisa-survey-on-state-of-global-education.htm

[2]http://www.topuniversities.com/university-rankings-articles/qs-best-student-cities/hong-kong

[3]http://www.capital.fr/carriere-management/actualites/encore-une-mauvaise-note-pour-les-universites-francaises-965703

[4]http://www.theguardian.com/world/interactive/2012/may/31/european-students-statistics-interactive

[5]http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/le-nombre-d-etudiants-a-atteint-un-niveau-record-en-france-4398/

[6]http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/palmares/detail/article/paris-sacree-meilleure-ville-etudiante-au-monde-9898/

[7]http://www.fil-info france.com/fil_info_16_aout_2014_france_fil_info_education_la_france_5eme_au_classement_de_shanghai_2014_des_meilleures_ecoles_superieures_du_monde.htm

[8]http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/royaume-uni-les-frais-de-scolarite-augmentent-les-demandes-d-inscription-aussi.html

[9] http://www.campusfrance.org/fr/page/le-cout-des-etudes

[10]http://bfmbusiness.bfmtv.com/monde/13-000-euros-le-cout-d-un-an-d-etudes-en-france-pour-un-etudiant-etranger-833231.html

[11]http://rue89.nouvelobs.com/blog/americanmiroir/2014/05/01/deux-etudiants-americains-decrivent-les-francais-232816

[12]http://www.lepoint.fr/economie/encore-un-rapport-qui-vante-le-modele-francais-12-10-2015-1972677_28.php

[13]http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/le-diplome-francais-d-ingenieur-reconnu-aux-etats-unis-au-niveau-master.html

[14] http://data.worldbank.org/indicator/SE.XPD.TOTL.GD.ZS

[15]http://www.economistinsights.com/countries-trade-investment/opinion/montreal-offers-best-overall-return-investment-overseas

[16] http://www.scmp.com/news/hong-kong/article/1280321/hong-kong-ranked-third-best-world-returns-postgraduate-education
[17] http://www.topito.com/top-villes-sures-securite-monde

[18] http://www.eurocost.com/fr/loyers-expatries-monde-2015.html

[19]http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/placement/0203764679140-etudes-a-letranger-classement-des-pays-les-plus-chers-et-les-plus-prises-1041158.php

Rédacteur :
Justin MONIER, Chargé de mission scientifique

publié le 23/12/2015

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