Focus Energie & Environnement - L’énergie à Hong Kong - Chapitre 4 : Les émissions de Gaz à effet de serre liées au domaine de l’énergie. (08/09/2014)

Article rédigé le 08/09/2014

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Sommaire


Introduction

Hong Kong est un territoire à forte consommation énergétique, 278 618 TJ [1] ont été consommés en 2010. Cette consommation est à l’origine d’émissions de plusieurs gaz à effet de serre (GES). Les GES sont des composants gazeux qui absorbent les rayonnements infrarouges émis par la surface terrestre, contribuant ainsi au dérèglement climatique. Les principaux GES sont : la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), l’ozone (O3) et les hydrocarbures halogénés (souvent présents dans les systèmes de réfrigération : chlorofluorocarbures (CFC)...) [2].

La problématique du dérèglement climatique lié aux émissions des GES est internationale. La réduction de ces émissions est devenue indispensable et prioritaire à l’échelle mondiale. A cette fin, en 1992, la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été signée par 154 états ; aujourd’hui, 195 Etats s’y sont ralliés. La Conférence des parties ("Conference of the Parties" COP) est l’organe principal de cette convention cadre. En 1997, au cours de la troisième COP (COP 3) réunie à Kyoto, a été signé le célèbre Protocole par lequel les états signataires se sont engagés à réduire les émissions de GES de 5.2% par rapport au niveau d’émission de 1990, sur la période de 2008 et 2012. Lors de la conférence de Doha (COP 18), le Protocole de Kyoto a été prolongé jusqu’en 2020. Parmi les 184 états signataires de ce Protocole, on note l’absence des Etats-Unis et le retrait du Canada.

En décembre 2015, la France hébergera la COP 21. Cet événement est d’une très grande importance car il devra aboutir à la signature, par tous les pays, d’un nouveau protocole faisant suite au Protocole de Kyoto. L’objectif est de mettre en place un accord applicable à tous, suffisamment ambitieux, et doté d’une force juridique contraignante. La France est très active dans ces négociations, et elle souhaite notamment mettre en exergue les opportunités économiques associées à la lutte contre le dérèglement climatique au travers d’un agenda positif.

Le protocole de Kyoto, prolongé en 2012 par le protocole de Doha, impose des objectifs de réduction chiffrés à ses signataires, exception faire des pays "en développement". La Chine, et donc Hong Kong, fait partie des pays "en développement" et, de ce fait, ne dispose pas d’obligation de réduction de ses émissions. La Chine s’est tout de même engagée à réduire son intensité carbone* de 40 à 45% d’ici 2020 avec 2005 pour année de référence [3].

1. Les émissions à Hong Kong

Lorsque l’on parle d’émissions de GES, on s’intéresse souvent aux émissions d’ "équivalents CO2" , il s’agit d’une mesure permettant de comparer les émissions des différents GES en se basant sur leur potentiel de réchauffement global (PRG). Concrètement, on exprime les effets sur le dérèglement climatique de chaque gaz relativement aux effets du CO2, par exemple le méthane à un pouvoir de dérèglement climatique (PRG) qui est 21 fois supérieur à celui du CO2 sur 100 ans. Ainsi pour 1kg de méthane, on aura 21kg de CO2 équivalent (CO2e), pour 1kg de N2O on aura 310kg de CO2e, etc...

Les émissions de CO2e à Hong Kong proviennent majoritairement de la production de l’électricité sur le territoire (66% des émissions de CO2e totales en 2010) et des transports (18% des émissions de CO2e totales en 2010). Les émissions totales sont passées de 35 300 kilotonnes de CO2e en 1990 à 41 500 kilotonnes en 2010, soit une augmentation de 17.6%. L’évolution n’a pas été constante ; sur la période considérée, on observe dans un premier temps une forte augmentation entre 1990 et 1993 avec un passage de 35 305 à 43 471 kilotonnes de CO2e. ; une chute de 17.5% des émissions a ensuite eu lieu en 1994, où elles ont atteint 35 877 kilotonnes. Cette diminution subite s’explique par un tournant dans la politique énergétique de Hong Kong qui a diminué sa production électrique locale au profit du rachat de l’électricité en provenance de la Chine continentale. Après une période stable entre 1994 et 2001, les émissions ont de nouveau augmenté pour se stabiliser entre 2005 et 2010 autour de 42 500 kt de CO2e (figure 1).

Les émissions du secteur du transport, après avoir connu une augmentation entre 1990 à 2000, passant de 5 940 à 7 800 kt de CO2e, se sont stabilisées, et sont même redescendues à 7 390 kt de CO2e en 2010, malgré une augmentation du nombre de véhicules. Ces chiffres traduisent les efforts du gouvernement à encourager les usagers et les entreprises de transport à utiliser des véhicules moins polluants (figure 1).

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Figure 1 : Emissions de CO2e à Hong Kong entre 1990 et 2010 [4] - Crédits : M. Le Bail


En 2005, le principal GES contributeur des émissions totales de CO2e sur le territoire de Hong Kong était le CO2 (85% des émissions totales). Le second principal contributeur était le méthane (12%), ce dernier provient notamment des émissions des déchets organiques (Figure 2).

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Figure 2 : Contribution des différents GES au CO2e émis à Hong Kong en 2005- Crédits : M. Le Bail


En 2010 Hong Kong se situait au 68ème rang mondial pour ses émissions avec 5.2 tonnes de CO2e par habitant par an [5], la première place est occupée par le Qatar avec des émissions de 40.3 tonnes de CO2e par habitant par an, la France est à la 64ème place avec 5.6 tonnes de CO2e (Figure 3).

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Figure 3 : Emissions de CO2e par habitant par an et par pays en 2010 [5] - Crédits : M. Le Bail


Les transports internationaux ne sont pas inclus dans les graphiques précédents (Figures 1-3). Ils ont pris de plus en plus d’importance au cours des années : en 1990, ils représentaient moins de 20% du total des émissions contre 50% en 2010. Le total des émissions était ainsi d’environ 80.000 kilotonnes de CO2e par an en 2010 (Figure 4).

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Figure 4 : Origine des émissions de CO2e à Hong Kong en 2010 - Crédits : M. Le Bail


Sans modification majeure de la politique publique et en incluant les transports internationaux, l’Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) prévoit que les émissions totales de CO2e à Hong Kong devraient atteindre 133 millions de tonnes d’ici 2035, soit plus de 50% de plus qu’en 2010. Les transports internationaux représenteront la principale source d’émission de CO2 (58% des émissions totales, soit 76.4 millions de tonnes), suivi de la production d’électricité (27%) et des industries (8%) [6].

2. Les objectifs de réduction

Hong Kong n’a pas pris d’engagement mais a annoncé, fin 2011, trois objectifs de réduction [7] :
- réduction de l’intensité carbone* de 50 à 60% d’ici 2020
- réduction des émissions de GES de 19 à 33% d’ici 2020
- réduction de l’intensité énergétique** de 25% d’ici à 2030.

L’année de référence pour ces trois objectifs est 2005 : 0.029 kgCO2e/HK$ de PIB, 42.000 kt CO2e/an, 182 TJ/GDP (milliard de HK$).

*L’intensité carbone représente les émissions de GES par unité de Produit Intérieur Brut (PIB) générée.

**L’intensité énergétique correspond à la consommation énergétique par unité de PIB générée. Cette définition ne prend pas en compte les émissions liées à la production de l’électricité, ainsi si Hong Kong changeait de mix énergétique pour la production de l’électricité cela n’affecterait pas son intensité énergétique.

3. Les mesures prises pour atteindre les objectifs

Le gouvernement hongkongais a mis en place un suivi de la consommation énergétique à Hong Kong, accessible au grand public depuis 2004, afin de mieux comprendre les usages de l’énergie sur son territoire. Ces données ont notamment permis d’identifier quatre grands axes d’action prioritaire pour pouvoir réduire les émissions de GES sur le territoire [3] :
- Evolution du mix énergétique, incluant la promotion des énergies renouvelables
- Amélioration des transports (encouragement des transports "0 émission", renouveau du parc de véhicules, ...)
- Développement et promotion de l’efficacité énergétique

Des mesures ont ainsi été prises par le gouvernement dans les différents secteurs pour réussir à atteindre les objectifs de réduction des GES. Les actions concernent principalement la production d’électricité, le transport et les bâtiments mais le gouvernement investit également beaucoup dans la recherche et dans des programmes de développement industriels au niveau de la région du Guangdong. La liste des mesures présentées n’est pas exhaustive mais permet d’avoir un bon aperçu des principaux moyens mis en oeuvre à Hong Kong.

a. Electricité

i. Le mix énergétique de l’électricité

Hormis le transport international (maritime et aérien), la part de la production de l’électricité dans les émissions de CO2e totales était de 66% en 2010 [4], il s’agit ainsi d’un secteur à fort potentiel pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES.

Le gouvernement hongkongais a lancé depuis plusieurs années des discussions sur le mix énergétique de l’électricité du territoire à l’issue desquelles le Ministre de l’environnement hongkongais, Mr KS Wong, a présenté en mars 2014 [8] deux propositions du mix énergétique de l’électricité "de demain" à Hong Kong. Les deux projets ont en commun la réduction de la part du charbon dans la production de l’électricité hongkongaise (54% du mix en 2010) qui passerait à 10 ou 20% avec les nouvelles propositions (Tableau 1). Pour remplacer le charbon les deux propositions présentent des solutions différentes :

- Proposition n°1 "Grid Purchase" : Projet se basant sur un fort développement de l’importation de l’électricité en provenance de Chine continentale, qui passerait de 23% (en 2010) à 50%. Cette électricité provient essentiellement des centrales nucléaires du Guangdong. La production à partir de gaz passerait de 23% à 40% et la production à partir du charbon ne contribuerait plus qu’à 10% de la production totale.

- Proposition n°2 "Local Generation" : Projet se basant sur un fort développement de la filière gaz locale, qui représenterait 60% du mix. Les importations de Chine resteraient à 20% du mix et l’utilisation du charbon composerait les 20% restant.

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Tableau 1 : Projets d’évolution du mix énergétique de la production d’électricité à Hong Kong - Crédits : M. Le Bail


Ces deux propositions ont fait l’objet d’une consultation publique qui s’est achevée le 18 juin 2014. La solution de "Grid Purchase" qui semble être la plus soutenue par le gouvernement de Hong Kong a été très critiquée par la population locale qui craint de voir la dépendance à la Chine continentale augmenter et la qualité du réseau se dégrader.

Dans les deux cas, la part du charbon diminuerait fortement au profit de moyens de production moins émetteurs de CO2 (gaz ou nucléaire importé de Chine continentale) permettant ainsi de diminuer les émissions.

Si Hong Kong se tourne vers une augmentation des importations chinoises cela diminuera très fortement, de manière artificielle, ses émissions, car ne sont prises en compte que les émissions de la production électrique réalisée sur le territoire. L’électricité ainsi importée proviendrait de centrales nucléaires frontalières du Guangdong [9]. La problématique sous-jacente de la sureté du nucléaire n’est pas aujourd’hui un sujet de préoccupation majeur du gouvernement et de la population à Hong Kong malgré ce fort développement du nucléaire dans la région.

La consultation publique est terminée mais le gouvernement hongkongais n’a pas encore pris de décision finale quant au projet sélectionné.

On note que la part des énergies renouvelables (EnR) est simplement regroupée avec le charbon, "charbon + énergies renouvelables". Cette absence de considération des EnR dans les discussions sur le mix électrique est étrange étant donné que Hong Kong dispose de ressources renouvelables non négligeable et des projets sont à l’étude pour développer la part du renouvelable.

ii. Les énergies renouvelables

Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent moins de 1% du mix électrique hongkongais. Un rapport du Ministère de l’électricité et des services mécaniques publié fin 2002 [10] dresse un bilan du potentiel énergétique dans les différents secteurs des énergies renouvelables (Tableau 2).

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Tableau 2 : Potentiel en énergies renouvelables à Hong Kong [10] - Crédits : M. Le Bail


Le territoire de Hong Kong dispose d’un potentiel intéressant en termes d’énergies renouvelables, notamment en éolien offshore et en photovoltaïque, qui n’a toujours pas été exploité. La mise en place de ces ressources représente généralement un coût plus élevé que les moyens de production électrique classiques tels que le nucléaire ou le gaz, ce qui, en l’absence de soutien public, dissuade les investisseurs.

Il existe aujourd’hui deux projets principaux dans le domaine des EnR à Hong Kong portés par les deux acteurs de la production, distribution et vente de l’électricité à Hong Kong, Hong Kong Electric Company (HEC) et China Light & Power (CLP) [11,12] :
- Ferme éolienne offshore à Sai Kung, d’une capacité de 200MW (1 752 GWh/an), par CLP (coût total de 7 Milliard HK$)
- Le second se situe entre Lamma Island et Cheung Chau, d’une capacité de 100 MW (876 GWh/an), par HEC (coût total de 3 Milliard HK$)

Ces deux projets en sont au stade de l’étude depuis 2006, pour une mise en opération initialement prévue en 2012 pour HEC et 2016 pour CLP. Les publications de ces études ont été une nouvelle fois repoussées et la mise en place de ces fermes n’apparaissent pas dans les plans d’investissement 2014-2018 des deux sociétés [13,14], laissant présager qu’elles ne devraient pas voir le jour avant encore plusieurs années [15].

b. Transports

Les transports, hors transports internationaux, représentent 17% des émissions de GES du territoire. Ils constituent un secteur d’action privilégié du gouvernement car ils sont également émetteurs d’autres polluants tels que les NOx, le SO2, etc., dont la diminution fait partie des objectifs du gouvernement pour la qualité de l’air.

Passage des taxis au Gaz Pétrole Liquide (GPL)

Les taxis représentent 20% du kilométrage réalisé sur les routes de Hong Kong, c’est la raison pour laquelle ce type de transport a été l’un des premiers affectés par les plans de réduction. En 1999, le gouvernement hongkongais a lancé un programme pour faire passer tous les taxis au GPL, moins polluant, notamment pour les particules fines (PM) et les NOx, la diminution d’émissions de CO2 est de l’ordre de 10% comparativement à l’essence. Dès 2003, la quasi-totalité des taxis étaient passés au GPL (99.9%).

Un second programme, concernant les minibus cette fois, a été lancé en 2002 afin que ces derniers passent également au GPL ou à l’électrique. Aujourd’hui, plus de 3 100 minibus sur les 4 350 en circulation sont passés au GPL [16].

Remplacement des vieux véhicules

Les véhicules voient leurs émissions augmenter avec le temps, de plus les nouvelles générations de véhicules sont plus propres. Le gouvernement hongkongais a mis en place des programmes pour s’assurer que le parc de véhicules (privés et d’entreprise) se renouvelle.

Il est ainsi obligatoire de réaliser une sorte de contrôle technique annuel pour tous les véhicules (à partir de 6 ans pour les véhicules privés). Au cours de ce contrôle, des mesures des émissions de polluants sont réalisées pour s’assurer que le véhicule répond aux normes du gouvernement [17]. Des systèmes de réduction de la pollution doivent également être installés pour les véhicules ayant une certaine ancienneté (dépendamment du type de véhicule). Pour compléter le programme, des contrôles aléatoires, dans la rue, vont également être mis en place à compter du 1er septembre 2014 [18], les véhicules identifiés comme polluants devront alors réaliser un test complémentaire dans les 12 jours ouvrés, sous peine de perdre leur autorisation de circuler.

Une limitation de la durée de vie des véhicules existe déjà pour les bus (18 ans) et est à l’étude pour les véhicules diesel dont le gouvernement hongkongais a annoncé vouloir limiter la durée de vie à 15 ans [19].

Encouragement au développement de nouvelles technologies (hybrides, électrique...)

Hong Kong souhaite aller plus loin pour son parc de véhicules propres en développant notamment le parc hybride et électrique [20]. C’est dans ce cadre qu’en 2010 le gouvernement hongkongais a annoncé sa volonté de mettre en place des bus "0 émission". Dans ce but, 180 millions de HK$ ont été alloués aux compagnies de transport pour l’achat de 36 bus électriques et 6 bus hybrides afin d’en évaluer les performances. L’expérimentation devrait débuter en 2015.

Un fond de 300 Millions de HK$ (Pilot Green Transport Fund) a été mis en place en mars 2011 pour encourager les sociétés de transports et les organisations à but non lucratif à acquérir des véhicules innovants, à faible émissions carbone, incluant les véhicules électriques. En juin 2014, déjà 76 projets avaient été approuvés pour un total de 96 Millions de HK$ (véhicules électriques et hybrides) [10].

Pour pouvoir permettre le développement des véhicules électriques, il est indispensable de mettre en place un large réseau de zones de recharge. Ces derniers sont progressivement installés sur le territoire et il existe aujourd’hui 1.000 points de recharge standard sur 18 districts et 10 points de recharge rapide.

Enfin, les véhicules électriques privés sont actuellement exonérés de taxes et les entreprises qui en font l’acquisition peuvent déduire l’achat du véhicule de leurs impôts.

Taxation

Le gouvernement hongkongais souhaite limiter autant que faire se peut l’augmentation du nombre de véhicules sur le territoire. Les taxes sur les véhicules privés (First Registration Tax) ont ainsi été augmentées de 15% en 2011. En parallèle, les taxes pour les véhicules moins polluants ont été diminuées [19].

Objectifs [7]

Dans son rapport sur l’énergie à Hong Kong, l’APEC présente les objectifs à l’horizon 2020 du gouvernement hongkongais pour le transport :
- Développement de l’accès de la population aux transports en commun, extension des zones piétonnes et diminution de la nécessité d’utilisation des transports.
- Développement de l’utilisation des véhicules alternatifs (électriques, hybrides ou autres technologies à performance équivalente) afin d’arriver à une proportion de 30% pour les voitures privées et 15% pour les bus commerciaux.
- Mettre en place un standard d’importation pour les véhicules importés pour que les nouveaux véhicules soient 20% plus performant qu’en 2005.

c. Bâtiments

Les bâtiments représentent 90% de la consommation électrique de Hong Kong, il s’agit par conséquent d’un secteur à haut potentiel pour réduire les émissions liées à l’électricité. L’efficacité énergétique est un des sujets relativement nouveau à Hong Kong, quelques actions sont menées par le gouvernement pour susciter une prise de conscience de la population.

Programme de labélisation pour les équipements [21] :

=> Labélisation volontaire des performances énergétiques : Labélisation exprimant la consommation énergétique des équipements domestiques et de bureau par rapport à des valeurs de référence fixées par le gouvernement. Le label est accompagné dans certains cas d’une note qualifiant les performances de l’équipement. Il permet d’informer les usagers.
Exemple : Chauffe-eau, climatiseurs, réfrigérateurs, télévisions...

=> Labélisation qualité volontaire : Labélisation pouvant être obtenue si l’équipement, professionnel et non professionnel, répond aux exigences établies par le gouvernement.
Exemple : ampoules LED, imprimantes laser, ordinateurs...

=> Labélisation obligatoire : Créée en 2008, cette labélisation classifie des équipements non professionnels en matière de performance énergétique sur une échelle de 1 à 5.
Ce programme concerne 5 types d’équipements : Machines à laver, déshumidificateurs, climatiseurs, réfrigérateurs et lampes à incandescence.

Programme de labélisation pour les bâtiments [21] :

=> Labélisation volontaire : Instauré en 1998, ce programme permet de certifier que l’installation d’un bâtiment répond aux exigences minimales fixées par le gouvernement (Minimum Energy Performance standards, MEPS).
Initialement, 5 secteurs étaient concernés : éclairage, air conditionné, installations électriques, escalateurs et ascenseurs et, depuis 2003, la consommation globale du bâtiment.

=> Labélisation obligatoire : Mise en place le 21 septembre 2012, l’"Energy Efficiency Ordinance" oblige les nouveaux bâtiments ainsi que les anciens subissant d’importantes rénovations à respecter des exigences fixées par le gouvernement. Cette régulation se découpe en trois axes principaux [2] :
- Lors du développement ou de la construction de nouveaux bâtiments, les propriétaires doivent s’assurer que l’air conditionné, l’éclairage, l’électricité et les escalators/ascenseurs répondent aux normes imposées par le gouvernement dans le "Building Energy Code".
- La personne en charge du bâtiment doit s’assurer que les quatre services sont dans les normes lors de travaux de rénovation majeurs.
- Un audit énergétique doit être réalisé tous les 10 ans.

Mesures complémentaires destinées spécifiquement à l’air conditionné :

=> Incitation à utiliser des systèmes de climatisation Air/Eau plutôt que Air/Air pour les bâtiments non résidentiels afin de diminuer la consommation électrique associée [21].

=> Energy Saving Charter [22] : Il s’agit d’une charte par laquelle les bureaux, magasins et grandes surfaces signataires s’engagent à régler leur climatisation de sorte que la température intérieure soit comprise entre 24 et 26 degrés. Durant l’été 2013, 120 zones commerciales, 550 magasins et 170 bureaux ont signé cette charte.

Communication :

=> Mise en place de sites Internet donnant des conseils pour réduire la consommation électrique des foyers [23].

Objectifs [7] :

Dans son rapport sur l’énergie à Hong Kong, l’APEC présente les objectifs à l’horizon 2020 du gouvernement hongkongais pour le bâtiment :
- Extension et durcissement du "Building Energy codes" afin que tout nouveau bâtiment commercial ait une efficacité énergétique accrue de 50% comparativement à 2005.
- Extension du programme de développement des systèmes mutualisés de réfrigération et de l’utilisation de systèmes eau-air afin que 20% des bâtiments commerciaux disposent de systèmes de réfrigération 50% plus performants que les systèmes classiques.
- Réduction de la consommation énergétique des bâtiments en durcissant les standards d’isolation et en encourageant l’utilisation de toits végétalisés pour que les bâtiments soient 50% moins énergivores qu’en 2005.
- Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments commerciaux au travers d’un management intelligent et de bonnes pratiques afin d’augmenter de 15% l’efficacité énergétique de 25% des bâtiments commerciaux existants comparativement à 2005.
- Extension et durcissement du programme d’efficacité énergétique des équipements électriques pour l’utilisation domestique de sorte que l’ensemble des produits présents sur le marché soient 25% plus performants qu’en 2005.

Les mesures prises constituent un premier pas intéressant vers une meilleure maîtrise de la consommation électrique mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de réduction de la consommation. En effet, les mesures mises en place jusqu’à aujourd’hui reposent en grande partie sur du volontariat et ont une visée plutôt didactique. Le faible coût de l’électricité, subventionnée par l’état, et l’absence de mesures fortes, notamment pour moderniser le parc immobilier en matière d’isolation, empêchent de véritables réductions de la consommation, et ainsi des émissions de GES.

d. Aides à la recherche et subventions aux projets de développement durable

Il existe plusieurs programmes de financement de la recherche à Hong Kong liés à l’environnement :

Le "Theme-based Research Scheme" du RGC

Ce programme, mis en place en 2010 par le "University Grant Council", a pour but de financer la recherche dans trois domaines identifiés comme stratégiques pour Hong Kong : la santé, le développement durable et le développement de Hong Kong en tant que centre d’affaires régional et international.
La partie développement durable se subdivise en 4 sous thématiques :
- Pollution et traitement de l’eau
- Bâtiment durable
- Energie : Production, conversion et conservation
- Qualité de l’air
Sur les 832 364 millions HK$ attribués au cours des 4 appels à projets depuis 2010, 217 146 Millions HK$ (26%) ont été attribués à des projets de de la thématique "développement durable" [15].

Programme de financement pour les projets de R&D

Des financements pour les projets de R&D à dimension technologique dans le domaine de l’environnement et pour d’autres projets et activités ayant un lien avec l’environnement sont disponibles au travers de l’ "Innovation and Technology Fund" (ITF) et de l’ "Environment and Conservation Fund" (ECF).
Depuis sa création en 2000, l’ITF a financé environ 80 projets de R&D dans le développement de technologies propres et de procédés industriels applicables à Hong Kong pour un montant total de plus de 155 Millions HK$ [24].
L’ECF a été fondé en 1994, il est constitué d’un fond d’investissement, alimenté par le gouvernement, de 5 Milliards HK$ qui génère un retour sur investissement utilisé pour le financement de projets. Depuis sa création l’ECF a permis de financer 4 290 projets en rapport avec l’environnement dans l’éducation, la recherche, etc. [25]
Il existe également deux programmes de co-financement franco-hongkongais de projets de recherche ANR-RGC (financement de gros projets de recherche) et PROCORE (bourse de mobilité de chercheurs et d’organisation de workshops) ne disposant pas de ciblage thématique mais pouvant concerner des projets liés à l’environnement.

4. Les émissions au niveau de la province du Guangdong

Hong Kong se situe dans la région du détroit de la rivière des perles, très émettrice en GES. Même si le territoire de Hong Kong n’émettait aucun GES, il ne pourrait atteindre les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air [19], d’où la nécessité de développer des actions au niveau régional. Les gouvernements des deux régions frontalières se réunissent annuellement sur le sujet au sein du "Hong Kong-Guangdong Joint Liaison Group on Combating Climate Change". La dernière réunion s’est tenue le 30 Juillet 2014 à Canton et avait pour but de passer en revue les collaborations réalisées en 2013-2014 et d’établir un nouveau plan de travail pour 2014-2015. Ce plan inclut notamment :
- développement des échanges sur les prévisions des évolutions climatiques dans la région ;
- développement des échanges sur les systèmes de drainage urbain et la gestion des pentes ;
- organisation de séminaires sur les technologies pour l’économie d’énergie et l’efficacité énergétique dans le bâtiment ;
- développement des échanges sur la mesure et la réduction des émissions carbone.

C’est dans ce contexte que la province du Guangdong et Hong Kong ont lancé le "Cleaner Production Partnership Programme". Ce programme a pour objectif de travailler avec les compagnies hongkongaises basées dans la province du Guangdong pour qu’elles utilisent des moyens de production et des technologies plus propres. En plus des subventions pour les projets des entreprises, le programme a pour vocation d’apporter une expertise et des conseils dans le domaine de la production propre. 93.06 Millions HK$ dédiés à ce programme ont été débloqués en 2008 sur 5 ans. En 2013, le "Legislative Council" de Hong Kong a approuvé 50 millions HK$ d’extension du programme pour 2 ans avec une orientation plus forte sur la pollution de l’air et l’économie d’énergie [26].

Un accord de coopération régionale, le "Regional Cooperation Plan on Building a Quality Living Area" [27], entre Hong Kong, Macao et la province du Guangdong a également été lancé en juin 2012. Cet accord préconise le renforcement des coopérations dans la région, notamment au sujet de la qualité de l’air, en se concentrant sur le développement de 5 secteurs :
- Environnement et écologie
- Développement faible en carbone
- Vie culturelle et sociale
- Planification de l’espace
- Transports verts

Conclusion

La multiplication des mesures environnementales prises depuis quelques années à Hong Kong est encourageante pour l’atteinte des objectifs fixés par le ministre de l’environnement en 2011. Il reste cependant de nombreux points à développer tels que l’efficacité énergétique des bâtiments et l’évolution du mix énergétique de l’électricité pour atteindre ces objectifs.

Sources :

- [1] Hong Kong Energy End-Use Data 2013 -http://www.emsd.gov.hk/emsd/e_download/pee/HKEEUD2013.pdf
- [2] Wikipedia - Gaz à effet de serre 28/07/2014 -http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_%C3%A0_effet_de_serre
- [3] A low Carbon Vision for HK- The climate group - 07/2010 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/dsNU7
- [4] Environmental Protection Department - Greenhouse gas emissions in Hong Kong :http://www.epd.gov.hk/epd/english/climate_change/resources.html
- [5] The World Bank Data - CO2 Emissions - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/XVpTy
- [6] APEC Energy Demand and Supply Outlook - 5th edition -http://publications.apec.org/publication-detail.php?pub_id=1389
- [7] APEC Energy Overview 2013 - Hong Kong, China -http://aperc.ieej.or.jp/file/2014/3/18/APEC_Energy_Overview_2013.pdf
- [8] Actualités du gouvernement hongkongais - New power supply plans broached - 19/03/2014 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/J8Jjh
- [9] Bulletin électronique : La sûreté nucléaire à Hong Kong, une thématique d’avenir ! -http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74700.htm
- [10] The Government of the Hong Kong Special Administrative Region - Environmental Protection Department - Pilot Green Transport Fund : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/1CP2Y
- [11] HKE - Hongkong Electric to conduct feasibility study on offshore wind farm-http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ZXKMP
- [12] CLP - Hong Kong Offshore Wind Farm-https://www.clp.com.hk/offshorewindfarm/home.html
- [13] CLP - Plan de développement 2014-2018 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/N7Ibp
- [14] HKE - Plan de développement 2014-2018 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/BuzH8
- [15] SCMP - CLP Power pushes back construction of Sai Kung wind farm for study-http://redirectix.bulletins-electroniques.com/NAikk
- [16] Electrical & Mechanical Services Department - LPG Vehicle Scheme -http://www.emsd.gov.hk/emsd/eng/sgi/lpg.shtml
- [17] The Government of the Hong Kong Special Administrative Region - Transport Department - Vehicle Examination : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/cK4EL
- [18] Actualités du gouvernement hongkongais - Emission spot checks set - 17/06/2014 -http://redirectix.bulletins-electroniques.com/HMD9I

Rédacteur :

Maël LE BAIL, Chargé de mission scientifique - Hong Kong

publié le 07/08/2015

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